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La photographie, le mouvement et la danse

by Danielle Giguere février 05, 2025

J’ai toujours été fascinée par le mouvement et la danse. Je m’intéresse aussi à comment un espace et un lieu sont transformés par les traces d’un passage, celui laissé par l’humain surtout. 

 

J’ai souvent été attirée par les photographies qui sont floues. Une des premières que j’ai imprimé dans la chambre noir était celle d’un enfant qui marchait dans la pluie durant la soirée à Montréal. Je trouve qu’il émane une poésie de ces douces traînées de mouvement inscrites sur l’image. Je l’associe aussi au mystère. 

 

Les zones de floue offrent à voir des dégradés de lumière, de couleur et de texture. C’est comme une danse, une histoire interrompue, une énigme cachée.

 

Quand j’utilise l’éclairage flash en studio, le mouvement est figé à grande vitesse. Le flou est quasi inexistant ou plutôt rare. J’ai longtemps travaillé davantage en lumière naturelle ou, du moins en lumière continue, ce qui imposait fréquemment des contraintes qui compromettait régulièrement la netteté du sujet si la vitesse du mouvement était élevée. Un jour, je me suis dit: mais qu’est-ce qui se produirait si je combinais les forces de l’éclairage flash avec celles de la lumière ambiante ou naturelle? J’ai eu envie de fixer en partie le mouvement et jouer avec la vitesse en la ralentissant graduellement jusqu’à ce que les traînées du mouvement deviennent aussi importantes que le corps du sujet. C’est ce que j’ai exploré durant la séance de prise de vue avec Julie Pichette en laissant l’éclairage néon du studio allumé et en laissant les rideaux des fenêtres ouverts en plein jour. 

 

Julie bougeait beaucoup dans une zone très limitée, en se déplaçant très peu dans l’espace. Ceci fit qu’elle avait souvent un point d’appui au sol pendant plusieurs secondes alors, bien que les mouvements avec beaucoup d’amplitude occasionnaient de grandes traînées, certaines partie de son corps étaient plutôt nettes car elles bougeaient que très peu, ou dans certains cas, il se créait un cycle qui faisait que les membres revenaient à leur point de départ. J’ai remarqué que les zones plus nettes finissaient par dessiner des formes parfois géométriques, ou du moins très abstraites. On perdait de plus en plus le corps et devenaient davantage importantes ces formes. Le sujet étant de moins en moins l’humain, la danseuse, mais plutôt, la trace, la forme, l’objet visuel inventé. Ce sont des objets qui n’existent que grâce à cette combinaison d’éclairage hyper rapide (le flash) et d’éclairage ambiant qui est continu aussi longtemps que le rideau de l’appareil photo est ouvert. 

 

Ce que je trouve intéressant c’est que ces formes, ces objets abstraits sont directement liés au temps. Sans ce dialogue entre les différentes sources de lumière, il n’y a pas d’objets. En dirigeant Julie, je lui ai demandé de répéter un mouvement spécifique en modulant graduellement l’amplitude ou l’axe afin de contrôler les contours des formes. J’ai longtemps exploré la création d’objets en observant les résultats au fur et à mesure que les clichés s’accumulaient afin d’obtenir des effets précis. 

 

Cette première exploration donna lieu à «Poussière de temps»

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